0 avis
Prieuré Saint-Etienne actuellement église paroissiale d'Ars-en-Ré
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Ars-en-Ré
Historique
L’église paroissiale d’Ars-en-Ré est le seul édifice religieux de l'île à avoir conservé des parties architecturales du 11e siècle, à savoir les trois murs de la nef de l’ancien prieuré Saint-Etienne.
Le prieuré Saint-Etienne (11e – 13e siècles)
On ne connait pas la date de fondation du prieuré Saint-Etienne, ni celle de la paroisse qu’il desservait. Celle-ci fut probablement parmi les plus anciennes de l’île et existait sans doute déjà lors de la cession des îles d’Ars et de Loix à l’abbaye Saint-Michel-en-l’Herm au début du 13e siècle. Cet ancien prieuré dépendait au 11e siècle de l'abbaye bénédictine Saint-Michel-en-l'Herm (Vendée), dont les biens sont cédés au collège Mazarin à Paris à partir de 1674. Il en est fait pour la première fois mention le 7 juillet 1379 à l'occasion de l'érection de la paroisse de Loix à partir de celle d'Ars. Cependant, il semble que des parties soient plus anciennes : la nef à un vaisseau pourrait dater du 11e siècle. La minceur et l'étroitesse des baies incitent à penser que la nef était alors couverte d'une charpente. Au 12e siècle, cette nef est voûtée ainsi que la croisée et le bras droit du transept, la façade est érigée à cette période.
La reconquête catholique après les Guerres de Religion (15e – 18e siècles)
Grâce à la prospérité économique issue de l’exploitation des marais salants dans le fier d’Ars, les revenus de l’abbaye et la population sont en constante augmentation. L’église, devenue trop petite, est agrandie au 15e siècle et une flèche est édifiée. C’est sans doute à la même période, que le prieuré est fortifié.
En 1567, l’église est mise à la disposition des protestants. L’Edit de Nantes, signé le 30 avril 1598, autorise la construction de lieux de culte pour les Réformés. Ces derniers s’installent alors dans l’ancien logis prieural où est inauguré un temple le 6 janvier 1604. L’église connait alors une période d’importants travaux. Entre la fin du 16e et le début du 17e siècle, le chœur est abattu pour faire place à une nouvelle nef à trois vaisseaux de quatre travées. En 1627, deux voûtes du chœur, ruinées, sont recouvertes à neuf. Le clocher est encore entièrement à découvert. La sacristie se trouve alors derrière l'autel majeur. En 1638, des travaux d'agrandissement sont réalisés dans le chœur par Gabriel Thevenet, maître plombier et couvreur d'ardoises à La Rochelle, pour la couverture. La chapelle des Trépassés est construite entre 1639 et 1642. Le 3 mai 1651, la chapelle Saint-Pierre qui vient d'être construite est bénie, elle a été fondée par le curé Pierre Veillon.
A la fin du 17e siècle, le clocher et la toiture sont en mauvais état, ils sont réparés avant 1715. Au cours des dernières années du 17e siècle, est construite la chapelle de la confrérie du Saint-Sacrement, fondée par Charles Jeudy, sieur de Brion, capitaine des dragons d'Ars. En 1727, la sacristie se trouve à côté du grand autel. Différentes réparations sont réalisées au clocher en 1747 et 1782, dont l'horloge est réparée par Guilbaud, horloger à Saint-Martin en 1750. En 1762, l'église est pavée avec les pierres du "château", mur qui entoure l'église. En 1771, de nouveaux fonds baptismaux sont installés dans la chapelle du Saint-Sacrement.
Les grands travaux post-révolution
Pendant la Révolution, l'église fait don de toute son argenterie, d'une cloche, d'un aigle de cuivre doré servant de lutrin. Le mobilier est vendu aux enchères. L'édifice est démoli, le clocher est réparé par le génie maritime : on substitue au coq un faisceau d'armes surmonté du bonnet de la liberté ; ce couronnement de la flèche est renversé par la tempête du 15 nivôse an IV. Le logis du prieuré est vendu comme bien national le 4 novembre 1791. Une poudrière est installée dans la chapelle Saint-Pierre. L'église sert de temple de la Réunion ; pour les fêtes, on y dresse un autel à la Patrie.
Au cours de la première moitié du 19e siècle, de nombreuses réparations sont faites au clocher : en 1800, aux galeries de la flèche et à la porte ; en 1831, à la flèche du clocher, ébranlée par la foudre, ce qui provoqua l'écroulement d'un mur ; de nouveaux dégâts sont provoqués par la foudre et réparés en 1841 et 1846. En 1818, des travaux de réfection extérieure et intérieure de l'église sont également réalisés. La chapelle des Trépassés, démolie pendant la Révolution, est reconstruite vers 1828. En 1864, le couvrement des bas-côtés est refait par les charpentiers Michenaud et Gaillard et le plâtrier Martin (daté et signé), en 1870 les fenêtres sont modifiées.
Restaurations successives de l’église (20e – 21e siècles)
Après une restauration générale de l'édifice de 1908 à 1910, d'autres réfections sont réalisées au cours de la première moitié du 20e siècle : la charpente et la couverture en tuile de la nef sont consolidées (1928-1929, 1936), restauration de la couverture en dalles et des chenaux de pierre (1949-1951), remise en état des couvertures de la nef, des bas-côtés, du transept et de la sacristie (1967-1968), réparations des balustrades et de la flèche du clocher (1954, 1966), réfection de l'escalier d'accès (1960).
En 2005, la municipalité engage une véritable réflexion sur un vaste projet de restauration de l’ensemble de l’édifice. La priorité est donnée au clocher qui est repeint et son intérieur est consolidé. En 2008, la toiture est entièrement refaite.Un important chantier de restauration débute en septembre 2016. Au cours de la première tranche de travaux (2016-2017), toutes les élévations extérieures (non compris les vitraux) et la toiture sont restaurées. Ces travaux sont suivis par les architectes du patrimoine Elsa Ricaud et Stéphane Berthault, et réalisés par Les Compagnons Réunis, une entreprise de Dordogne qui était intervenue sur la restauration du clocher en 2005. L’église est entièrement mise à nue avant de recevoir un nouvel enduit à la chaux. L’escalier d’accès au clocher méritait d’être étanchéisé et sécurisé.
Une nouvelle tranche de travaux commence en septembre 2017. A l’issue de ces deux années, l’ensemble des intérieurs de l’église gothique est restauré. Les travaux sont suivis par Manuel Lalanne, conservateur des Monuments historiques à la Direction Régionale des Affaires Culturelles, et par Lionel Mottin, architecte des Bâtiments de France. L’ancien enduit qui recouvrait les pierres des murs intérieurs est remplacé. Grâce aux sondages et prélèvements réalisés par Lucie Roques, restauratrice d’œuvres d’art, la polychromie d’origine a pu être restituée. L’intérieur de l’église retrouve ainsi ses couleurs d’origine : un enduit couleur ivoire est choisi pour les murs de moellons afin de mieux faire apparaître la couleur ocre-jaune plus soutenue sur les piles et les arcs des croisées d’ogives. Une fenêtre de l’époque romane est mise à jour sur un des murs de l’ancien bras du transept de l’église primitive. Obstruée à une date inconnue par des morceaux de bois et de pierres et recouverte d’enduit, elle révèle, une fois déblayée, des traces de polychromie : feuillages de couleur stylisés et feuilles dentelées apparaissent dans l’embrasure. Ce décor pourrait être contemporain de la construction de l’église romane primitive au 12e siècle. Des croix de consécration sont découvertes sur les murs du collatéral nord. La plus ancienne remontrait à la première bénédiction de l’église. Les suivantes, plus récentes, correspondent aux différents aménagements ou agrandissements de l’église.
Le sol de l’église est également restauré. Un nouveau dallage est mis en place avec des pierres extraites des carrières d’Avy, à Jonzac. Les motifs noirs (quadrilobes, trilobes et palmettes), déjà existants dans le dallage d’origine, sont refaits à l’identique avec un mortier de chaux teinté dans la masse avec du pigment noir. Les vitraux et les bancs ont tous été refaits à l’identique.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 11e siècle (incertitude) Secondaire : 15e siècle Secondaire : 1ère moitié 16e siècle (incertitude) Secondaire : 17e siècle Secondaire : 1ère moitié 19e siècle Secondaire : 20e siècle, 21e siècle |
---|---|
Auteurs |
Auteur :
auteur inconnu, maître d'oeuvre inconnu Auteur : Guilbaud, maître d'oeuvre (attribution par source) Auteur : Michenaud, charpentier (attribution par source, signature) Auteur : Gaillard, charpentier (attribution par source, signature) Auteur : Martin, plâtrier (attribution par source, signature) |
Description
L'église, seul vestige de l'ancien prieuré Saint-Etienne d'Ars-en-Ré, se repère aisément dans le paysage grâce à sa haute flèche servant d'amer aux navigateurs.
L'édifice, orienté, comprend une ancienne nef de deux travées prolongée par un transept dont la croisée est surmontée d'un clocher et les deux bras sont saillants, puis une nef à trois vaisseaux de quatre travées, le vaisseau central étant prolongé par une abside en hémicycle aplati. Sur la troisième travée de chaque collatéral est greffée une chapelle de plan rectangulaire. Au sud-est de l'ensemble se trouve une sacristie. Le chœur liturgique, à trois autels, occupe la majeure partie de la dernière travée des trois vaisseaux.
1 / L’extérieur de l’église
A - La façade
La façade, datée de la deuxième moitié du 12e siècle, présente deux niveaux séparés par une corniche à modillons sculptés. Le premier niveau, épaulé par deux contreforts, est percé d'un large portail en arc brisé, en partie enterré. Le deuxième niveau est nu, percé seulement en son milieu d'une fenêtre en plein cintre. .
La façade, datée de la deuxième moitié du 12e siècle, présente deux niveaux séparés par une corniche à modillons sculptés. Le premier niveau, épaulé par deux contreforts, est percé d'un large portail en arc brisé, en partie enterré. Le deuxième niveau est nu, percé seulement en son milieu d'une fenêtre en plein cintre. Au-dessus de celle-ci, le mur change d'appareil, il est alors formé de moellons crépis. Au sommet du pignon se dresse une petite croix de pierre.
Le portail, qui a été plaqué sur l'ancienne façade, présente un dessin original : contrairement aux églises de Saintonge et d'Aunis qui présentent une élévation antérieure percée d'une unique porte à profonde embrasure garnie de colonnettes nombreuses ou bien constituée d'une large porte entre deux arcades aveugles plus basses et très étroites, celle d'Ars offre une combinaison de ces deux types. En effet, le portail comporte quatre rouleaux reposant sur des colonnes à chapiteaux sculptés. Il est encadré par deux colonnes portées par un groupe de trois colonnettes dont les chapiteaux sont alignés avec ceux du portail. Deux arcades aveugles en plein cintre, d'une étroitesse exceptionnelle, lient les colonnettes extérieures et les contreforts.
B - Les élévations latérales et le chevet
Les murs des élévations latérales sont couronnés par une corniche en béton, au milieu de laquelle fait saillie une gargouille polygonale. Des vestiges d'une corniche à modillons apparaissent sur le mur sud.
Le chevet est un mur-pignon sommé d'une croix et percé de deux fenêtres en arc brisé murées.
C - La toiture
La nef ancienne et les bras du transept sont couverts d'un toit à longs pans en pierre taillée. L'ensemble nef-chœur, la sacristie et les chapelles sont couverts d'un toit à longs pans en tuiles creuses. L'absidiole du chœur est couvert d'un cul-de-four en pierre de taille dont l'extrados forme des sortes d'écailles.
D - La flèche
La flèche du 15e siècle, qui s'élève à une hauteur de 43 m, repose sur une plate-forme carrée couronnant le clocher roman. Cette souche présente deux arcades aveugles sur chaque face, encadrées par deux corniches.
Le premier niveau de la flèche octogonal est encadré de deux balustrades ajourées de motifs géométriques (quadrilobes et trilobes). Il est percé sur ses faces cardinales d'une fenêtre géminée. Deux petits arcs-boutants relient chacune des quatre autres faces aux pinacles cantonnant la plate-forme. Chaque pinacle est sommé d’une une petite flèche à crossettes. Dans le pinacle sud-est est aménagé un escalier en vis en pierre. Au sommet, une passerelle le relie à la deuxième plateforme.
Au-dessus s'élève la flèche du clocher ornée sur les arêtes de nervures portant des crossettes. Entre ces arêtes, d'autres nervures dessinent des arcs en mitre superposés. Une ouverture quadrilobée apparait tous les deux arcs et jusqu’au sommet où se dresse le coq. La flèche, qui a servi dès l'origine d'amer, offre quelques ressemblances avec celles de Sainte-Marie-de-Ré et de Moëze. Elle est peinte en partie en blanc, en partie en noir.
2 / L’intérieur de l’église
A - L’ancienne nef
A l'intérieur, l'ancienne nef est composée de deux travées voûtées d'ogives à grosses nervures de section carrée dont trois sont ornées d'un motif géométrique entre deux tores et la quatrième de trois tores dessinant des bâtons brisés. Chaque travée est séparée par des arcs doubleaux et formerets. Dans la première travée s'ouvre à l'ouest une large porte en arc brisé surmontée d'une fenêtre ébrasée et en plein cintre. La deuxième travée est éclairée par deux fenêtres en plein cintre percées en vis-à-vis, sous chacune desquelles se trouve un autel en bois. Quatre plaques sont accrochées aux piliers de la nef, indiquant les noms des personnes inhumées dans l'église de 1600 à 1771, dont les principaux tués de la bataille d'Ars de 1625.
Le voûtement de la nef au 13e siècle entraine une surélévation des murs-gouttereaux et explique le désaxement des fenêtres. Le caractère angevin de ce remaniement se manifeste par l'aspect bombé des voûtes, le profil des ogives (un bandeau entre deux tores) et leur décor (bâtons brisés, ruban plié).
B - Le transept
Le transept est largement saillant et sa croisée est couverte d'une coupole sur pendentifs limitée à la base par une corniche ornée de dents de scie et au-dessus de laquelle s'élève le clocher. Arcades et pendentifs retombent sur des piliers à impostes, semblables à ceux de la deuxième travée de l'ancienne nef.
Le bras sud du transept est couvert d'une voûte en berceau brisé. Au sud, au-dessus de l'autel, s'ouvre une large fenêtre en arc brisé au-dessus de laquelle se voit le couvrement d'une ancienne baie ébrasée en plein cintre qui a été murée. Devant le mur est se trouve un bénitier.
Le bras nord du transept, voûté en berceau, est partiellement occupé par la chapelle des fonts. Au nord, est percée une grande fenêtre ébrasée en arc brisé. A gauche de la porte, à l'ouest, se trouve un bénitier.
C - La nouvelle nef
La nef moderne, à l'emplacement du chœur roman, est composée de trois vaisseaux de quatre travées. Elle est voûtée d'ogives à liernes, avec des clefs de voûte circulaires et pendantes.
Les deux premières travées sont plus hautes et moins larges que les autres. La deuxième travée est séparée de la précédente par un large doubleau de section rectangulaire et de la suivante par un doubleau mouluré. Dans la colonne sud-est de la deuxième travée s'ouvre une petite niche concave. Dans la troisième travée, le lierne longitudinal est ornée à son extrémité ouest d'un petit culot représentant une tête humaine.
Les collatéraux, moins élevés que le vaisseau central, sont dotés du même type de couvrement mais en plâtre comme indiqué sur l'inscription "PLAFONDS FAITS EN 1864 / MICHENAUD ET GAILLARD CHARPENTIERS / MARTIN PLATRIER". Chaque travée est éclairée par une large baie en arc brisé, dont l'ébrasement est mouluré. Dans la troisième travée de chaque collatéral, la fenêtre est remplacée par un grand arc brisé donnant accès à une chapelle latérale. A l'est, derrière les autels, le mur est lambrissé.
Deux chapelles de plan rectangulaire, l'une au nord, l'autre au sud, sont accolées à la troisième travée. Elles sont couvertes d'une croisée d'ogives à liernes. Dans chacun des murs Est et Ouest s'ouvre une fenêtre en arc brisé et à l'ébrasement orné d'un cavet. Sous chacune des fenêtres Est, un confessionnal est engagé dans le mur.
D - L’abside
L'abside semi-circulaire, couverte d'un cul de four, est éclairée par deux fenêtres ébrasées en arc brisé entre lesquels se dresse le maître-autel et son retable.
A l'extérieur, l'abside est doublée par un couloir couvert d'un berceau annulaire.
E - Le clocher
Au-dessus de la croisée du transept, s'élève un clocher à deux étages que surmonte une haute flèche octogonale. Au premier étage, accessible par un escalier extérieur au nord, se trouve la salle des clochers. Contre le mur sud se trouve un escalier en bois qui donne accès au deuxième étage. a l'intérieur de la flèche, trois paliers en béton ont été aménagés et des contreforts, également en béton, renforcent les arêtes de la flèche jusqu'à son sommet.
Détail de la description
Murs |
|
---|---|
Toits |
|
Plans |
plan allongé |
Couvrements |
|
Couvertures |
|
Décors/Technique |
|
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
---|---|
Référence du dossier |
IA00042943 |
Dossier réalisé par |
Pallu C.
Pon Charlotte Renaud Geneviève Aoustin Agathe Chargée de mission Inventaire. Communauté de communes de l'Ile de Ré (2013- 2020) |
Cadre d'étude |
|
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
1986 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, (c) Communauté de communes de l'Île de Ré |
Citer ce contenu |
Prieuré Saint-Etienne actuellement église paroissiale d'Ars-en-Ré, Dossier réalisé par Pallu C., (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, (c) Communauté de communes de l'Île de Ré, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/747c6d78-0ea8-49ea-910a-39245122a4a9 |
Titre courant |
Prieuré Saint-Etienne actuellement église paroissiale d'Ars-en-Ré |
---|---|
Dénomination |
prieuré |
Vocable |
Saint-Etienne |
Destination |
église paroissiale |
Statut |
|
---|---|
Protection |
|
Intérêt |
|